Frahos

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Mercredi 5 décembre 3 05 /12 /Déc 07:18

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Quels " instruments" ont notre préférence....

Nous avons l'habitude de classer les instruments en quatre groupes :
- Gros et longs,
- Gros et courts,
- Minces et longs,
- Minces et courts.

Certains ne jurent que par ceux qui sont gros et courts, d'autres n'en tiennent que pour ceux qui sont gros et longs.

Les premiers prétendent que celui qui a tout à la fois la grosseur et la longueur a malheureusement tendance à se retenir dans l'action, à épargner ses réserves, à s'endormir de bonne heure, et à se retrouver bien faible au réveil, tandis que l'objet gros et court se lèverait avec plus de courage, serait capable de veiller infatigablement... et aurait en plus l'avantage de remplir très exactement - c'est à dire ni plus ni moins - son trou.

A quoi les seconds répondent aux premiers : " Celui à qui la longueur fait défaut ne pénètre-t-il pas moins profondément, quels que soient par ailleurs les exploits que vous vous plaisez à rapporter sur son compte en telle ou telle situation ? ".

Quoi qu'il en soit de l'un ou de l'autre, ce qui importe, c'est que nous ayons finalement tous élu le gros instrument - long ou court selon les goûts. Personne chez nous ne songerait à faire l'éloge d'un objet long et mince - si l'on excepte les individus atteints de débilité ou souffrant d'hémorroïdes, auquel un gros membre n'apporte que dommage et souffrance, et qui préféreront le choisir fin pour qu'il pénètre sans heurt, suive son chemin avec douceur et délicatesse, parvienne néanmoins aux demeures de la sensation grâce à sa longueur et éveille ainsi le plaisir sans blesser l'endroit endolori.

Quant à l'objet mince et court. L'idée seule d'y recourir n'a jamais effleuré l'esprit de l'un d'entre nous. Ne s'en accommodent que ceux qui font semblant d'être des nôtres mais seraient bien incapables de nous imiter : les poltrons, les braillards, les raseurs.

Il existe des mesures précises quant à la taille de l'instrument et chacun de nous s'y référé.

La dimension la plus courte équivaut à six largeurs de doigt. Mais l'instrument ne saurait nous être utile et ne nous apporte aucune joie.

Au dessus, il convient de considérer celui qui mesure neuf doigts et, mieux encore, celui qui atteint douze doigts. Ce dernier remplit fort bien son office : peuvent l'utiliser tous ceux qui ont goûté l'eau de notre citerne.

Mais l'instrument extraordinaire, celui qui prime tous les autres, qui surpasse toute description, est celui qui parvient à seize doigts de mesure. N'a la force de le supporter qu'un chef illustre, un compagnon dès longtemps exercé à notre art. Car il n'est pas donné à n'importe qui de pouvoir l'employer : n'est autorisé à y recourir que celui dont les sens ne sont point trop aiguisés, dont l'orifice se trouve quelque peu distendu, ou qui se plaint de ne parvenir que lentement au plaisir.

Mais celui des instruments qui suscite le plus d'éloges, qui mobilise la plus chaude affection, qui guérit le plus rapidement de tous les maux, qui inflige le meilleur traitement, qui réjouit l'âme et comble le désir du plus exigeant, cet instrument est celui qui a la capacité de grandir et de se gonfler sous la caresse jusqu'à atteindre la calibre idéal : les doigts qui s'en saisissent alors doivent en faire tout juste le tour ; leur arrive-t-il même de n'y point parvenir, l'objet n'en a que plus de mérite et de valeur, n'en reçoit que plus d'éloges, ne s'en trouve que mieux gratifié des épithètes les plus flatteuses...puisqu'on lui demande précisément d'être large et dodu pour remplir son emploi - qui est d'apporter à l'âme, par sa seule présence, le baume dont elle rêve de s'imprégner !

Faut il, cela dit, préférer tout de même le long au large ? Je ne crois pas !

Le long, quels que soient ses mérites, ne rend pas d'aussi précieux services que son rival.

Il ne peut faire mieux que d'occuper la place que lui ménage la nature : quelque mal qu'il se donne, il n'ira pas plus loin. Celui qui a la capacité de le recevoir jusqu'au bout n'en aura aucun mérite, car cette capacité lui a été donnée de naissance et ne saurait être le fruit d'un effort de perfectionnement, d'une volonté qui tendrait à surmonter les obstacles et à supporter héroïquement les conséquences de leur opiniâtreté.

Le gros instrument en revanche n'est jamais accueilli dans un espace que la nature l'inviterait à remplir sans effort. Son intrusion n'est jamais une banale aventure. Elle est toujours le résultat d'une longue pratique, d'un exercice constant, seuls moyens d'ouvrir cette voir étroite...et de la rendre ensuite indéfiniment praticable pour répondre aux vœux de ceux qui veulent la suivre et en goûter durablement les charmes.

Pour le reste nous nous refusons à envisager d'autre cas de figure, qui n'auraient à nos yeux aucune valeur !
 
Ahmad Al-Tîfâchî (1184-1253) – Les Délices des Cœurs.... (extraits)
Par frahos - Publié dans : Prose - Communauté : Roman gay Rose
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